#100 Schiaparelli, l’art du bijou surréaliste

By Anne Desmarest de Jotemps
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Il était une fois L’Art du bijou surréaliste de Schiaparelli visible à l’exposition du Musée des Arts Décoratifs à Paris jusqu’au 22 janvier 2023 et appelée « Shocking ! Les mondes surréalistes d’Elsa Schiaparelli ». 

Les bijoux qui ont été créé du vivant d’Elsa sont rassemblés dans la 2e salle. On commence gentiment par quelques boutons. Puis une vitrine rassemble les bijoux. Je suis captivée. Bien sûr je les avais vus en photographies dans les livres et les magazines, mais en vrai, rassemblés sur tout un pan de mur, c’est tout simplement fascinant. Et leur dimension souligne leur extravagance. Les motifs sont assortis et pourtant dissymétriques. Et ça me parait tellement moderne, il y a même une sorte de tour de tête comme des lunettes dont les franges dorées couvrent le regard et le visage. 

Je vois le fameux collier « aspirine » la première collaboration avec une artiste en l’occurrence Elsa Triolet. En rappelant les comprimés antidouleur, ce célèbre collier en pâte de verre, fil de métal et galon de coton beige qui sera photographié par Man Ray, concentre l’univers surréaliste d’Elsa Schiaparelli et inscrit le bijou fantaisie comme objet d’art. 

Au printemps 1936, l’artiste Meret Oppenheim vend à Elsa Schiaparelli le dessin d’un bracelet en laiton recouvert de fourrure animale qu’Elsa inclut dans sa collection de l’hiver 1936-1937. Meret porte ce bracelet au Café de Flore où Pablo Picasso et de Dora Maar imaginent de recouvrir de fourrure tout les objets sur la table. Le « Déjeuner en fourrure » qui comprend une tasse, sa soucoupe et sa cuillère revêtues de fourrure est aujourd’hui une pièce muséale qui appartient aux collections du Museum of Modern Art de New York. 

Le corps est pour les surréalistes des années 30 une interprétation très courante.  Cocteau lui dessine un œil en 1937 qui deviendra une broche. En 1938 c’est la bouche qui vient de la collaboration avec Dali. L’oreille et le nez suivront. Les dents aussi comme ces immense boucles d’oreille aux molaires dorées.

Les planètes font aussi parties de son imaginaire. Il y a aussi le bestiaire : serpent, lézard, poulpe,… Ou encore le cadenas et la serrure qui apparaissent vers 1935 sous formes de broderies et de bijoux. 

Et comme on le voit au 1e étage de l’exposition, depuis la réouverture en 2013, de la Maison Schiaparelli, les directeurs artistiques de Christian Lacroix à Daniel Roseberry réinterprètent l’héritage surréaliste d’Elsa. 

Inspiré par des élément de corps  Daniel Roseberry crée des broches seins en spirales et ajoute le téton et le poumon que l’on verra en réalisation spectaculaire en 2021 sur la poitrine dénudée du splendide mannequin Bella Hadid. 

Et la colombe qui commence avec le tableau de Pablo Picasso « Oiseaux en cage » des années 40 devient la colombe géante avec un rameau d’olivier dans le bec portée par Lady Gaga à l’investiture du président Joe Biden sur une robe haute couture pare-balle dans ce pays de la liberté des armes à feu. 

Animé par le même sens de la métamorphose et par le même goût d’expérimentation des matériaux que Schiaparelli, Daniel Roseberry détourne les codes emblématiques et même les dépasse. La robe rose schocking est aussi boucle d’oreille et le bébé au sein devient un accessoire essentiel : un bijou ! 

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