#110 Le papillon : légendes et joailliers

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By Anne Desmarest de Jotemps
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D’un coup, comme ça, j’ai pensé au papillon. Une envie de beau temps et de légèreté. La sensation d’être à l’aube de nouveaux défis et d’aspirer à un autre liberté. Je suis sure que ça vous parle. Et le papillon incarne tout cela, ce n’est pas étonnant que l’on en trouve tant en joaillerie ! Peut être parce que ces lépidoptères sont intimement liés à l’histoire du monde car le fossile de papillon le plus ancien vient du jurassique il y a quelques 190 ou 201 millions d’années.

Le mot Papillon vient du latin papilio dont la racine signifie aller ou vaciller et exprime le déplacement et le mouvement des ailes.

Quand au terme Lépidoptère, sa racine est grecque et rassemble le mot écaille et aile. Et oui ! Parce que si nous savons tous que le papillon a des ailes, saviez-vous que des écailles sont présentes sur les ailes ? Et les écailles sur les ailes des mâles leur servent à diffuser des phéromones sexuelles lors des parades nuptiales !

Cet insecte contemporain des tous premiers dinosaures est fascinant. Il a 3 paires de pattes et 2 paires d’ailes, et même une trompe. Il en existe environ 220 000 espèces dans le monde sauf dans l’Antarctique. Ils sont héliophiles et prennent des bains de soleil, ils sont thermophiles alors ils régulent leur température en captant le soleil et sa chaleur par leur ailes. En plus, ils sont de parfaits indicateurs biologiques. Car leur mutation en une foultitude de modèles suit celle des plantes et, sensibles à la pollution et au réchauffement climatique, leur présence ou leur disparition est un indicateur très fiable de l’état de l’environnement.

A bien y réfléchir il a tout de l’animal mythique. Et en plus c’est un insecte à métamorphose complète car son cycle biologique est composé de 4 stades distincts : œuf, chenille, chrysalide et papillon.

C’est pourquoi le papillon est aussi un symbole de métamorphose.

Par exemple, la légende amérindienne raconte comment les papillons apprirent à voler. En ces temps où la terre était jeune, vivait Fleur de Printemps une jeune femme magnifique qui avait le pouvoir de guérison. Elle avait eu une vision où des créatures ailées aux couleurs de l’arc en ciel lui permettait de guérir toutes les maladies car chaque couleur avait un pouvoir particulier. Elle savait qu’à sa mort ce pouvoir serait libéré et profiterait à tous les hommes. Alors elle devint Celle-qui-tisse-dans-l’air-des-arcs-en-ciel. Des reptiles aux multiples couleurs l’accompagnaient toujours mais les hommes ne posaient pas leur regard jusque par terre et ne les voyaient pas. Cependant quand Celle-qui-tisse-dans-l’air-des-arcs-en-ciel fut prêt de mourir un reptile coloré lui expliqua que s’il pouvait voler, il pourrait continuer à guérir les hommes. Alors quand Celle-qui-tisse-dans-l’air-des-arcs-en-ciel mourru, le reptile l’accompagna dans sa tombe. Et soudain une créature ailée sortit de la tombe, rassemblant les esprits de la femme et du reptile. Les papillons aux couleurs de l’arc-en-ciel apportèrent alors aux hommes la bonté du coeur, la guérison et le bonheur.

Dans cette légende, le magique explique aussi une part de réalité, celle que le papillon est un acteur très ancien du monde, ce que confirme aujurd’hui les scientifiques. La légende du peuple Miao exprime également cette croyance. Au temps anciens, sur les montagnes plantées de forêts, un papillon surgit du cœur sucré de l’érable. Quand il atteignit le grand lac couvert de bulles d’eau, il en tomba amoureux et ils échangèrent de douces promesses. Grace à cet amour, le papillon donna naissance à douze œufs, qu’une grue serviable se chargea de couver.12 ans plus tard, naquirent douze frères et sœurs, dont le tonnerre, le dragon, le tigre, le serpent, l’éléphant, le taureau, et Jiang Yang que le peuple Miao considère comme leur ancêtre. C’est pourquoi les Miao vénèrent le papillon comme l’ancêtre de la famille, en le désigne respectuseument du nom de « Maman Papillon ».

Le papillon est aussi un symbole d’amour et de renaissance.

Dans la légende chinoise, sous la dynastie des Jin, la jeune Zhu Yingtai souhaite intégrer l’école et acquérir du savoir comme ses 8 frères. A cette époque l’école est interdite aux filles alors elle se déguise en garçon. Durant ses années d’études elle rencontre Liang et en tombe amoureuse. Quand elle doit retourner près de son père, elle fait promettre à Liang de lui rendre visite. Le jeune homme tient sa promesse et découvrant qu’elle est une fille, donne libre court à ses propres sentiments et la demande en mariage. Seulement le père de Zhu l’a déjà promise. Liang se suicide et en partant pour ses épousailles, Zhu va se recuillir sur sa tombe. En un éclair, le sol se dérobe sous ses pieds et la tombe s’ouvre. Zhu se jette pour rejoindre son amant. Et quand enfin tout redevient calme, deux papillons apparaissent de la tombe et s’envole vers le ciel infini.

Poursuivant cette symbolique, le papillon, lié à la mort permet à l’âme de se former. A part au Japon où l’entrée d’un papillon dans la maison est perçu comme annonciateur de la mort d’un proche ou de l’arrivée d’un inconnu. La perception de la renaissance via le papillon est généralement perçue comme positive. Il n’est jamais question de régression mais plutôt d’évolution dans cette métamorphose. Ceci se vérifie dans le monde entier, des Astèques aux indiens Hopi, des Celtes aux Africains et quelque soit la croyance des bouddhistes aux chrétiens.

Par exemple chez les Grecs, l’âme est la psychée et est représentée par le papillon. Car la déesse Psychée qui boit de l’Ambroisie pour s’unir à Eros devient immortelle et obtient à cette occasion des ailes de papillons dans le dos.

En ce qui concernent les chrétiens, le papillon est souvent associé à la résurrection du Christ.

En joaillerie, le papillon est un symbole tellement utilisé que je ne savais lequel choisi pour vous en parler. Que ce soit une traduction graphique française de Sara Bran à Van Cleef, d’Edéenne à Calistoréa ou un design plus asiatique comme récemment ceux de Wallis Hong.

Ce que j’admire chez Sara Bran est évidemment l’extraordinaire travail en dentelle de ses bijoux qu’elle réalise intégralement à la main à la scie bocfils. Le modèle du papillon se prête magnifiquement à la démonstration de sa virtuosité. Que ce soit en vue de profil avec perle ou à plat avec rangées de diamants centrals et opales sur des ailes doublées en volume la dentelière sur or exprime tout son savoir faire d’exception.

Chez Van Cleef & Arpels, le papillon s’envole depuis 1906 sous toutes ses couleurs. En haute joaillerie par exemple, le collier « Envolée d’été » tout en diamants se parent de clips détachables dont le papillon en saphirs jaune, grenats spessartites, spinelles noirs, onyx et diamants sur or blanc. En joaillerie c’est la collection 2 papillons qui m’attire l’oeil avec ses bagues entredoigts au corps de diamant navette où toutes les ailes conjuguent les matières : or jaune et or blanc, diamants et saphirs jaunes, turquoise et lapis lazuli.

D’ailleurs si vous êtes plutôt délicatement discrète, le papillon de Callistoréa est pour vous. Juste du diamants, en taille navette pour les 4 ailes. Si léger que l’on peut les cumuler sans façon en collier, bague et boucle d’oreille.

Chez Edéenne, le papillon symbole sa transformation en joaillière alors il est de toutes les collections. En collier pendant, ouvert ou transformable. J’ai toujours adoré sa bague Quatuor Butterflies Ring qui pare toute la main de cette envolée de légèreté. Je me souvient même d’un ensemble extraordinaire où elle avait créé des papillons diamantés en manchette, boucle d’oreille et collier qui s’inséraient dans un tableau mural garni de papillons en trembleuse. C’était une commande spéciale alors il n’y a pas de photos, il faut aller la voir.

Comme il y a énormément de papillons joailliers, je vous invite à m’envoyer les photos de vos bijoux ou de vos réalisations sur les réseaux sociaux d’Il était une fois le bijou, je vous promets de repartager toutes vos stories.

Avant de vous laisser, j’attire votre attention sur les créations de Wallis Hong. J’ai rencontré ce jeune créateur d’origine chinoise, installé à Madrid sur le salon GemGenève. Et comme tout le monde j’ai été fasciné par se réalisation en titane. Ses bijux sont des sculptures aériennes et organiques dont le graphismes est cohérent avec les circonvolutions extrèmement techniques propres aux bijoux asiatiques. Il a créé 2 broches « Ethereal Butterfly ». J’ai choisi l’une d’entre elle pour la vignette de ce podcast qui figure un papillon en plein vol en titane bleu saupoudrée de diamants comme de la rosée précieuse. Je vous monterais l’autre sur instagram, c’est un papillon posé dont les ailes délicates sont complètement ajourées et les joailliers savent combien ce matériau est dur , ce qui fait de cette somptueuse pièce une exception joaillière.

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