C’est le début de la belle saison et souvent celle des fiançailles. La bague la plus classique est la Marguerite. C’est d’ailleurs celle que je portais quand j’étais mariée. Alors je me suis demandée d’ou venait ce nom et comment les joailliers la revisitaient.
Marguerite est un mot issu du latin Margarita venant du grec, comme d’habitude, et qui signifie de façon surprenante « perle ». D’ailleurs la racine persane« mervarid » signifie « fille de la mer ».
le prénom Marguerite a été introduit dès le Ier siècle à Rome, il était plutôt signifiant de pureté. Dans l’histoire, de nombreuses reines se sont appelées Marguerite : Marguerite d’Anjou, reine d’Angleterre, Marguerite de Parme, Marguerite de Navarre, Marguerite d’Autriche, Marguerite de Bourgogne, Marguerite de France, Marguerite de Provence et Marguerite de Valois, l’épouse d’Henri IV, que l’on appelle « la reine Margot » .
La femme de lettre la plus célèbre à mon sens est sans doute l’écrivaine Marguerite Duras.
En anglais, Marguerite se dit Daisy et son étymologie est différente car le mot est tiré du vieil anglais signifiant “oeil du jour”, en référence au fait que les marguerites se ferment la nuit et s’ouvrent au petit matin.
Marguerite est aussi une sainte. Elle naît à Antioche de Pisidie vers 289. Contre l’avis de son père elle se convertit au christianisme et fait voeu de virginité. Un jour qu’elle garde les brebis, le préfet Olibrius la remarque et veut en faire sa concubine. Bien entendu elle refuse. Il commence à la supplicier. Il l’enferme au cachot avec un dragon. Le dragon l’avale toute vive mais elle fait le signe de croix et miracle le ventre de la bête s’ouvre et elle en sort indemne. Le préfet ne s’arrête pas là et finalement elle meurt en martyr. C’est la protectrice des femmes enceintes. Et même si le concile de Vatican II décide d’interrompre son culte, elle reste très vénérée dans l’église orthodoxe. La foi populaire indique qu’avec l’archange Michel et sainte Catherine d’Alexandrie, elle ferait partie des trois saints apparus à Jeanne d’Arc pour lui confier la double mission de faire couronner le dauphin et de libérer le royaume de France de la présence anglaise. Le dauphin sera couronné en 1429 et la fin de la guerre de 100 ans sera en 1453, les 2 événements se passeront un 17 juillet, le jour de la sainte marguerite.
Bien sûr la marguerite est également une fleur. c’est une herbacée vivace de la famille des astéracées. Son nom scientifique est Leucanthemum vulgare.Elle est originaire d’Eurasie et se reconnait à sa grande couronne de pétales blancs autour d’un coeur jaune. Mais il existe des marguerites à fleurs doubles ou semi-doubles et certaines peuvent même être dotées de fleurons au ton jaune beurre, mauve ou rose. C’est une fleur toute simple qui n’a pas besoin de soins particuliers, se développe sur une terre ordinaire et est délicieuse en salade.
En temps que fleur, la marguerite a plusieurs langage : elle exprime le renouveau, probablement par sa capacité à refleurir alors elle ne dénote pas dans les bouquets des mariées bucoliques. Elle signifie l’innocence et la pureté par la blancheur de ses pétales. Elle transmet le bonheur par son coeur ensoleillé. Comme la marguerite est constituée de 2 fleurs imbriquées entre elle, elle signifie également l’amour.
L’expression « effeuiller la marguerite » vient du jeu divinatoire du XIXe siècle qui consiste à enlever les pétales un à un à partir de « il m’aime » en comptant « un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout » et à recommencer jusqu’à ce que le dernier pétale indique les sentiments supposés de celui ou celle auquel on pensait. Galante, cette expression peut prendre un sens plus concret en signifiant l’effeuillage des vêtements féminins, jusqu’à l’argot où la marguerite exprime le sexe de la femme.
En joaillerie, la bague marguerite est une institution. L’histoire raconte qu’elle vient de Madame de Pompadour. Jeanne-Antoinette Lenormant d’Etiolles, née Poisson, fait sa première apparition à Versailles en février 1745 à l’occasion d’un bal masqué. Le roi est immédiatement captivé. Madame a une origine bourgeoise, le roi n’en a cure. Il lui offre le domaine de Pompadour, avec le titre de Marquise. La favorite royale ne met jamais un soulier sur le sol corrézien et finit par vendre le domaine en 1761. L’année suivante, Louis XV le récupère et le transforme en Haras royal. En 1746, Louis XV donne à la marquise de Pompadour une autre parcelle d’environ six hectares dans le Parc de Versailles, au lieu-dit « Les Quinconces ». Elle y fait construire sa demeure et 3 jardins : le jardin français, le jardin fruitier et le jardin botanique. Ce domaine fleuri l’inspire et lui donne envie d’une bague en forme de fleur. Alors le roi lui offre une bague ornée d’un imposant saphir central oval, entouré de diamants. La bague marguerite était née.
Dans les bagues marguerite célèbres, la bague de fiançailles de Kate Middelton a remis au goût du jour cette classique forme joaillière. Elle avait tout d’abord été offerte par le Prince Charles à Lady Diana. A sa mort ses enfants avait conclu un accord : le premier à se marier hériterait de la bague. C’est donc William qui l’a offerte à Kate pour ses fiançailles. Cette bague en or blanc créée par Garrard, le joaillier de la Couronne, se compose d’un magnifique saphir ovale de 18 carats et d’un entourage de 14 diamants blancs. Lors de sa création elle aurait couté environ 30 000 livres britanniques et vaudrait aujourd’hui 10 fois plus.
En vintage, la Diorette créée par Victoire de Castellane est une mignonne marguerite en émail sur or avec une goutte de rosée de diamant. Dans les grosses bagues de la collection la marguerite se mariait aux autres fleurs, abeille et papillon pour entourer la pierre de centre.
En 2015 pour célébrer ses 40 ans, la maison Poiray a créé une collection Haute Joaillerie intitulée Flower Poiray qui décline une multitude de marguerites blanches ou colorées. La bague, véritable masterpiece reproduisait l’éclosion de la fleur grace à des pétales articulés. Aujourd’hui encore Poiray propose une marguerite joaillière en or jaune ou blanc, aux pétales diamantées et coeur de saphir jaune.
Chez Damiani, les marguerites naissent en juillet avec la première création que Silvia Damiani a présenté à la Digital fashion week de Milan de 2017. Cette fleur avait été mise à l’honneur par le fondateur de la Maison, Enrico Grassi Damiani dans une création en l’honneur de la reine Marguerite de Savoie. Depuis, chaque année, la marguerite se réinterprète en joaillerie ou haute joaillerie, en solo en bouquet, en diamant blanc sur monture immaculée ou sur or rose avec pierre de couleur et précieux feuillages printaniers. Il y a même une montre à secret dont le cadran se cache sous une marguerite.
La marguerite de Gemmyo haute joaillerie est flamboyante avec un coeur d’opale de feu de 4,54 carats entourés de spinelles roses tanzaniens « désappairés ». Pièce unique cette Mad Marguerite n’est actuellement plus en vente mais encore sur le site alors peut être que si vous insistez la Maison pourra vous la créer sur mesure.
Toute simple chez Coscolla, la marguerite est en nacre au coeur de diamant sur or rose. Une interprétation romantique et discrète par ce joaillier familial établit à Pau.
Je ne parle pas souvent de montres mais je pouvais pas ne pas parler de La Margot de Christophe Claret. Cette 1e montre à complication féminine intègre un ingénieux dispositif permet de reproduire le jeu de la marguerite. D’une simple pression à 2h, la montre s’anime et un ou 2 pétales de titane et laque blanche disparaissent sous le pistil de citrine. A la fin du jeu, le verdic s’annonce dans une fenêtre à 4h. Une pression et tous les pétales réapparaissent. Au dos, le boitier indique la couleur des sentiments avec une marguerite en or ornée de 8 pierres de couleurs qui s’animent autour d’un coeur laqué de rouge. Une merveille de marguerite horlogère.
