On aurait retrouvé des accessoires ressemblant à des boutons de manchettes dans des tombes de l’Egypte ancienne, mais rien ne permet de confirmer leur usage. Ce qui est sûr c’est que l’usage des boutons de manchette est lié à l’évolution de la chemise.
Jusqu’au XVIe, les hommes portaient des chemises dont ils remontaient les manches à l’aide de rubans qu’ils passaient dans les trous des manchettes, que la chemise soit à dentelle ou non ne changeait rien.
C’est au XVIIe siècle que les boutons apparaissent pour fermer les poignets.
Louis XIV lance la mode des boutons de manchette
Louis XIV en lance la mode. Il faut dire qu’à l’époque le costume était un ensemble composé de la veste au genou et plutôt ajustée mais qui se portait ouverte avec boutons. En dessous, le justaucorps était fermé par des boutons, serré et quelque fois sans manche et la culotte s’arrêtait aux genoux. Les 3 pièces étaient assorties et comportaient une multitude de boutons doit les trois-quarts étaient décoratifs. Le grand chic était donc soit, d’avoir des boutons dans le même tissu qui mettaient en valeur un motif ou alors d’avoir carrément des boutons en argent ou en or avec pierres précieuses ou fines, perle, nacre ou émail. On les achetait chez le joaillier et on les cousait, les décousait et les recousait sur le costume qu’on avait choisi de porter.
Aussi, mettre également des boutons précieux sur sa chemise n’était qu’un pas de plus dans l’élégance. Le cravatier de Louis XIV veillait donc à ce que tous les boutons de manchettes soient à leur place. Les boutons de manchettes n’étant pas seulement celui de la chemise mais des manches de costume. Les boutons de manchettes avaient alors un seul système, celui relié par une chaine.
Comme on mettait ses armoiries partout : sur son sceau évidemment, mais aussi sur ses mouchoirs, son carrosse, on les mettait aussi sur les boutons. La gravure des boutons de manchette pouvait également porter un message secret comme un signe ou un symbole, pour rallier une cause par exemple. C’est donc un usage aristocratique jusqu’en 1850.
Le boutons de manchettes unique ornement du XIXe
Au XIXe avec la révolution industrielle de nouvelle matière apparaissent, comme l’acier qui, entre autre permet de créer des boutons de manchette moins chers, alors ils se popularisent mais restent l’apanage des classes aisées. De plus les hommes portent alors moins de bijoux et plus discrets : les boutons de manchette, la chevalière et chaine de montre, la montre, les boutons de la chemise ou du plastron peuvent être en perle ou en diamants et une décoration ou le petit bijou qui permet de piquer une fleur. Il faut dire que le costume masculin évolue. Le costume se compose maintenant d’une veste qui arrive toujours au genou, serrée, presque sans boutons, le gilet très serré et très court à la taille, le pantalon est long et les couleurs de louis XIV sont depuis longtemps oubliées pour une sobriété grise, bleu, noire, marron de bon aloi. La chemise est traitée comme un sous-vêtement : on ne voit que le col, la cravate ou la lavallière sortir du cou et les poignets dont il faut éviter que les manchettes de chemise dépasse et aient l’air trop large.
Vers 1880, les manchettes et les cols empesés amovibles apparaissent. Aux Etats-Unis un certain George Krementz invente un dispositif qui utilise une machine initialement conçue pendant la guerre civile pour fabriquer des cartouches afin de produire des boutons de cravate et de manchettes. Alors le bouton de manchette devient usuels début XXe : les grandes entreprises commandent mêmes des boutons de manchettes à des fins publicitaires ou comme cadeaux pour leurs employés et cadres.
On se met à innover et à créer de nouveaux dispositifs et modèles pour faciliter la mise et le retraits des boutons comme l’attache « étrier » ou celle en T-barre.
Dans les années 70, la chemise à poignets mousquetaire apparait, celle que l’on connait encore avec un poignet qui se replie sur lui-même et dont les emplacements pour les boutons comportent 4 fentes par poignet. Le bouton de manchette est à son apogée, il prend toutes les formes et tous les matériaux. Mais seulement pour une partie de la population masculine car l’autre, à Woodstock ne s’embarrassait pas de contraintes y compris au poignet.
Les boutons de manchettes signent l’élégance d’aujourd’hui
Les années 80 semblent enterrer les boutons de manchette mais en 1990 Paul Smith le pose en accessoire d’élégance. Aujourd’hui, ils sont au plaisir de chacun, suivant ses codes professionnels ou sa fantaisie.
Jules Renard disait d’ailleurs : « Ce qu’il y a de plus sérieux dans le corps humain, c’est les boutons de manchette« .
Il y a les différentes formes des boutons de manchette :
- Il y a ceux en passementerie ou en soie qui se glissent dans le poignet mousquetaire, ils sont moins onéreux et colorés
- Bouton de manchette pistolet dispose d’une tige fermoir que l’on rabat, c’est le plus classique.
- Le queue de poisson se pose grâce une partie métallique qui se place perpendiculairement à la tige pour fermer le bouton de manchette.
- Le Bouton de manchette à chaîne comme son nom l’indique à 2 parties reliées par une petite chaîne en métal.
- Celui à clou se composé d’un gros bouton décoré et d’un plus petit, que l’on insère directement dans la manchette, sans système de fermeture.
- Le Bouton de manchette boule : a le même système que clou mais de forme arrondie.
- Et enfin, le Bouton de manchette à double action dispose d’un système de fermeture qui s’apparente à celui d’un fermoir de montre.
A quoi assortir ses boutons de manchette ? Ceux en couleur s’assortissent avec
- La pochette de la veste.
- La cravate ou le noeud papillon.
- La boucle de ceinture.
- La montre.
- Sinon ceux en acier ou en or vont avec tout.
Il peut aussi être opportun de porter le bouton de manchette d’esprit communautaire qui reflète le métier ou l’activité artistique ou sportive pratiquée. Ou tout simplement il y a des métiers ou « ça se fait ».
On dit qu’Edouard VII, le roi du Royaume uni jusqu’en 1910, date de sa mort, adorait les boutons de manchette et qu’il aurait lancé la mode de ceux en pierre de couleur et en émail. Il appréciait particulièrement ceux de Karl Fabergé.
Vous ne trouverez peut être pas ceux d’Edouard VII mais vous pouvez retrouver dans les salles de ventes de très beaux modèles de Karl Fabergé.
En vintage il y aura ceux de Tiffany ou de Cartier et si vous aimez le style moderniste ceux de Jean Desprès, le créateur Art déco, sont assez facilement trouvable aux enchères.
Les boutons de manchettes chez les joailliers d’aujourd’hui
Patrice Fabre propose des boutons de manchettes typiques de son style : en or blanc avec du béton ou avec des pavés de diamants bruts quelque fois sur or jaune.
La Maison Hemmerlé créée en 1893, en propose toujours de très raffinés, le travail de l’or blanc en oursin ou en croisillon est magnifique et le fini mat donne une grande élégance. Mais il y a aussi des formes rectangulaires ou des tourmalines serties clos, chaque pièce témoigne du raffinement discret qui caractérise la Maison.
Chez Rosset-Gaulejac, le bouton de manchette se porte en « must have » : comme le modèle chaine avec d’un coté la Cadillac et de l’autre coté le volant, en or avec tous les détails, ou encore le modèle de technique « clou » en forme d’Abeille. Joaillier depuis 2 générations, Rosset Gaulejac réalise ses joyaux sur mesure et sur place car l’atelier est en mezzanine de cette adresse de Saint Germain des Près que les amateurs se transmettent. Et si vous insistez un peu, Simon Rosset-Gaulejac vous fera peut-être découvrir sa collection de boutons de manchettes érotiques.
Plus techniques, les boutons de manchette de la marque horlogère Milus sont dotés d’un rotor oscillant à 360° qui s’anime à la cadence du poignet et sont fabriqués sur la base d’un véritable mouvement de montre automatique. En or jaune ou or rose ou en acier PVD « full black ». Très James Bond.