Le bleu symbolise la loyauté, la joie, l’amour, la paix et le réconfort. J’ai donc pensé qu’il était d’actualité.
Bleu : la couleur symbolique
En Egypte le bleu était considéré comme porte-bonheur. Il y avait 3 bleus. Le bleu clair est le symbole du dieu Amon, dieu de l’atmosphère de l’air et du ciel, le bleu sombre symbole de la voûte céleste et de la nuit, et le bleu turquoise symbole de l’eau et du Nil l’origine de toute vie. Le bleu venait donc de 3 matériaux : le silicate de cuivre calcique pour le clair, et des pierres ornementales le lapis-lazuli pour le sombre et la turquoise pour le bleu de l’eau.
Pour les romains de l’antiquité le bleu est la couleur des barbares ce qui va impacter la considération de cette couleur qui sera peu utilisée jusqu’au XIIe siècle.
Car c’est entre le 12ème et 13ème siècle, que le bleu devient le symbole de la vierge, la reine va commencer à porter du bleu puis Louis IX. Le bleu devient alors un symbole religieux et monarchique.
Il faut dire que la production du bleu devient plus facile. On le fabrique à partir de la guède. La guède est une plante herbacée, qui pousse à l’état sauvage un peu partout en Europe du Sud-Est, en Asie Centrale et du Sud-Ouest. On la cultive dès le Moyen Âge pour extraire de ses feuilles la teinture bleue. On l’appelle alors le Pastel des teinturiers.
Au XVIIIe on utilisera les feuilles de l’indigotier pour obtenir la couleur indigo qui arrivera par bateaux des Antilles et d’Amérique.
A la fin du XIXe Oscar Levi Strauss fabrique des pantalons dans une toile appelée « bleu de Gênes », car elle était utilisée à Gênes depuis le 16e siècle pour la confection des pantalons de marins. Comme cette toile en coton est fabriquée à Nîmes, par déformation le nom deviendra bleu de Nimes avant de s’appeler « blue-jeans ». Le bleu jean devient par l’extension de la marque une institution internationale.
Le bleu est aujourd’hui une couleur consensuelle (et donc beaucoup utilisée en politique), c’est la couleur préférée des Européens. Et nous appelons notre Terre la « planète Bleue ».
En joaillerie les gemmes bleues sont très nombreuses : Agate, Aigue-marine, Apatite, Azurite, Bénitoïte, Calcédoine, Chrysocolle, Diamant, Disthène, Fluorite, Hémimorphite, Iolite, Labradorite, Lapis-Lazuli, Larimar, Œil de Faucon, Pierre de Lune, Quartz Dumortiérite, Saphir, Smithsonite, Sodalite, Spinelle, Tanzanite, Topaze, Tourmaline, Turquoise, Zircon.
Les diamants bleus
Les diamants bleus bien sûr font rêver parce qu’ils rajoutent l’exceptionnel de la couleur bleue à l’exception de la création du diamant. Il y a 3 causes connues pour qu’un diamant soit bleu : il peut contenir du bore, un atome qui fait devenir le diamant bleu et double sa résistance. Ou il y a eu de l’hydrogène au moment où le diamant s’est constitué. Ou bien encore il y a eu une irradiation naturelle au moment de la création.
Les diamants bleus sont légendaires. On connait la légende du « bleu de la couronne de France » de 45,52 carats, ramené d’Inde par Jean-Baptiste Tavernier vers 1663, acheté par louis XIV, taillé par Jean Pittan et volé en 1792. Il disparaît de France pour réapparaitre en 1824 au moment de son achat par Thomas Hope, un banquier qui donne au diamant son nouveau nom « Hope ».
Par la suite tous les possesseurs meurent tragiquement ou sont ruinés et attache au diamant bleu la réputation d’être un diamant maudit. Finalement il sera acheté par Pierre Cartier puis Harris Winston qui le donne en 1958 au Smithsonian Institute de Washington. Il est toujours le plus gros diamant bleu jamais découvert à ce jour, et le deuxième objet le plus visité au monde après la Joconde.
Le Heart of Eternity est un autre diamant bleu exceptionnel. Il est Fancy Vivid Bleue c’est-à-dire que sa couleur est intensee et pèse 27,64 carats (5,528 g). Il a été trouvé dans la première mine de diamants d’Afrique du Sud, la seule mine au monde à avoir une production appréciable de diamants bleus. Il appartient à la collection De Beers Millennium Jewels.
Le Okavango Blue nommé en l’honneur du delta de l’Okavango, est un diamant bleu du Botswana, de 20,46 carats dont la couleur intense « Fancy Deep Blue », est exceptionnelle.
L’Oppenheimer bleu est un diamant bleu de 14,62 carats, qui a fait partie de la collection du célèbre diamantaire londonien Philip Oppenheimer (1911-1995) avant d’être vendu chez Christie’s à Genève pour 57,54 millions de dollars.
« The blue moon« , diamant bleu de 13,22 carats, a défrayé la chronique quand il a été acheté 48,4 millions de dollars chez Sotheby’s par le collectionneur et le magnat de l’immobilier de Hong Kong, Joseph Lau Luen-hung. Il l’a aussitôt rebaptisée le diamant « The Blue Moon of Josephine (La lune bleue de Josephine) », en l’offrant à sa fille de sept ans. Il avait acheté la veille un diamant rose de 16,08 carats (3,216 g) chez Christie’s pour28,5 millions de dollars, toujours pour sa fille et l’avait rebaptisé le » Sweet Josephine « .
Le “Wittelsbach-Graff”, un diamant bleu foncé de 31,06 carats, acheté par Laurence Graff en 2008. On raconte que ce diamant vient de Golkonda et que le roi Philippe IV d’Espagne l’aurait acheté en 1664 pour l’inclure dans la dot de sa fille adolescente, Margaret Teresa. Aujourd’hui, le diamant a été vendu 80 millions de dollars à l’émir du Qatar, Cheikh Hamad bin Khalifa.
Il y a aussi des diamants bleu-vert. «The Ocean Dream», de 5,5 carats trouvé au Brésil a été vendu 8,6 millions de dollars et le “Aurora Green” a atteint 16.8 millions de dollars en 2016.
Dans les pierres bleues célèbres, il y a bien sûr les saphirs.
Le grand saphir bleu de louis XIV, a été l’une des pièces principales des Joyaux de la Couronne. Comme il n’y a pas de facture qui a été retrouvée il s’agit probablement d’un cadeau qui au roi. Il n’a jamais été taillé. Il pèse 135,80 carats et a une forme de losange en rhomboïde. Il disparait après le vol de 1792, mais réapparait dans l’inventaire de décembre. En 1796, il est choisi par Daubenton pour enrichir les collections du Muséum d’Histoire Naturelle où on peut toujours aller l’admirer.
Le saphir de la reine Marie de Roumanie. Originaire du Sri Lanka, ce saphir de 478 carats est enregistré pour la première fois par la maison Cartier en 1913. Il est acheté en 1921 par le roi Ferdinand de Roumanie vendu en 1947à Harry Winston, offert en 1948 à la reine Frederika de Grèce. Il est aujourd’hui la propriété du Qatar Museums Authority.
Autre saphir célèbre, le “The blue belle of Asia” est un saphir du Sri Lanka de 392,52 carats qui a été vendue pour 17 700 000 dollars par Christie’s.
Dans les autres pierres bleues découvertes récemment, 2 se détachent particulièrement par la beauté de leur couleur : la tanzanite et la paraïba.
La Tanzanite
La Tanzanite est découverte pour la première fois en 1967. La légende veut qu’elle ait été découverte par un berger masaï, qui l’a repéré à fleur de terre après un feu de brousse près du mont Kilimandjaro. La pierre est apportée à un explorateur local qui l’envoie à un gemmologue Tanzanien, qui à son tour, l’envoie à son père à New York lequel demande l’avis du GIA (Gemological Institute of America, la référence mondiale en matière de gemmologie). Le GIA identifie une variété bleue, jusque-là inconnue, de zoïsite, une gemme qui l’on ne connaissait que brune. Quelques années plus tard, le propriétaire de la joaillerie Tiffany & Co, H. Pratt, tomba éperdument amoureux des zoïsites de Tanzanie et les rebaptisa tanzanites. A ce jour on ne connait qu’un seul gisement à Mererani, près de la ville d’Arusha. Ces mines ne peuvent donc que s’épuiser et les tanzanites d’un superbe bleu-violet unique vont donc devenir de plus en plus rares.
Le Diadème La Reine du Kilimandjaro arbore la plus grosse tanzanite taillée de 242 carats. Et Boucheron en a fait une bague entre-deux-doigts en or blanc et diamants avec une splendide tanzanite cabochon.
Une autre pierre bleue récente est la Paraïba.
La Paraïba est une tourmaline d’une extraordinaire couleur bleu néon. Son nom vient de l’État brésilien du Paraíba où un mineur nommé Heitor Barbosa découvre pour la première fois cette gemme en 1989. Ce gisement est rapidement épuisé. Puis en 2001 un autre gisement de tourmaline est découvert au Nigeria, puis un troisième gisement au Mozambique en 2005. En 2006, le LMHC (Laboratory Manual Harmonization Committee), décide que cette variété de tourmaline appartenant au cupro-elbaïtes gemme serait usuellement baptisée la tourmaline Paraíba. Encore une fois, on ne sait quand les mines vont se tarir et la gemme reste donc très rare.
L’une des plus grandes tourmalines paraiba est la « Ethereal Carolina Divine Paraiba », une pierre de 191,87 carats que la joaillière canadienne Moneca Kaufmann, a monté dans un collier appelé « Paraiba Star of the Ocean Jewels ».
Bien entendu la couleur bleu lagon a inspiré de nombreux joailliers. David Morris lui a consacré une place de choix dans nombre de ses collections
et elle a aussi inspiré Chanel, Chopard, Dior et Suzanne Syz.
Quelques bijoux bleus des joailliers d’aujourd’hui
Dans les bijoux aux pierres bleues, j’ai été fasciné par les boucles d’oreille «Orchidées», en or et aluminium bleu, avec des tourmalines de Namibie, des Paraibas et des diamants du talentueux Emmanuel Tarpin. Un jeune joaillier qui a lancé sa marque en 2017, a déjà créé une ligne pour de Grisogono et s’inscrit dans la lignée de Jar pour ses créations extraordinaires très inspirées du monde végétal ou animal.
J’ai admiré dans la collection Lucky animals de la maison Mathon, une magnifique libellule en or blanc, diamant et saphirs dont les ailes en émail plique-à-jour ressuscite ce savoir faire d’excellence que l’on voyait beaucoup à la belle époque et qui permet par ses transparences de mettre en valeur toute la gamme chromatique du bleu.
Et chez Thierry Vendôme, j’ai n’ai pas su choisir entre la bague rivage ou le disque en turquoise s’ouvre sur une écume d’or jaune
et sa bague cocktail en topaze bleu sur monture de rouille.
Pour tous les jours, j’ai aimé porté les boucles d’oreilles en lapis lazuli ou en argent avec des plume de paon bleus d’Amira Sliman que vous trouverez à la-Galerie Wenge.