Le diamant a des propriétés intrinsèques :
C’est un isolant à la conduction électrique mais c’est un excellent conducteur de chaleur. Il est transparent et sa notation est de 10 sur l’échelle de Mohs.
Mais c’est quoi l’échelle de Mohs ? C’est une mesure de la dureté des matériaux créé par le minéralogiste allemand Friedrich Mohs en 1812. Attention la dureté veut dire la capacité d’un minéral à en rayer un autre. C’est important parce que si vous pensez que la dureté est la résistance aux chocs et que vous frappez votre diamant avec un marteau il va casser net.
L’échelle de Mohs est utilisée par beaucoup de monde dont les gemmologues qui conseillent les joailliers. Car des gemmes de dureté inférieure à 6 et demi ou 7 se rayent facilement, ce qui est important pour le lapidaire qui taille la pierre, le sertisseur qui doit la faire tenir et vous au quotidien qui vivez et bougez avec votre bijou. C’est pourquoi on dit qu’une opale qui est entre 5,5 et 6,5 est fragile. L’échelle de Mohs classe les quartz à 7, les topazes à 8, les corindons (saphir et rubis) à 9 et le diamant à 10 car il n’y a que le diamant qui raye le diamant.
Ces propriétés font que le diamant est très utilisé en industrie en général, par exemple pour tout ce qui est découpe, abrasion, polissage, mais il y a aussi des applications médicales pour véhiculer des toxines dans certains cas de cancer, pour l’imagerie médicale ou la mesure de température in vivo…
Maintenant qu’est-ce qu’un diamant naturel ?
Un diamant naturel se forme grâce à la conjonction de 4 facteurs :
En 1 il faut une base chimique de carbone. Attention le carbone est un élément chimique, à ne pas confondre avec le charbon.
En 2 il faut une température de 2000 °C (je vous rappelle que l’eau boue à 100 degré et que la lave d’un volcan varie entre 500 et 1200 degré alors je vous laisse imaginer ce que représente 2000 degré !
En 3, il faut d’une pression de 75 tonnes par cm2 (un éléphant pèse 3 tonnes dont il faudrait 25 éléphant sur 1 cm2 pour arriver à la même pression et si vous n’aimez pas qu’on utilise les animaux, sachez qu’un boeing pèse entre 50 et 70 tonnes donc on mettrait environ un boeing et demi par cm2.
En 4 il faut de la patience. Beaucoup. Le diamant naturel s’est formé il y a plus de 3,3 milliards d’années à des profondeurs extrêmes entre 150 à 200 km. Puis les éruptions volcaniques on fait remonter les diamants dans la croute continentale. Celle-ci fait 35 km d’épaisseur et est sous la croute terrestre. Puis il a fallu d’autres éruptions volcaniques pour qu’on en trouve près des cours d’eau et des années de recherches pour qu’on creuse et qu’on les trouve. Il faut savoir que le phénomène de cette création de diamants s’est arrêté il y a déjà 900 millions d’années. Le diamant naturel est donc définitivement rare et exceptionnel
Il y a aussi les diamants de laboratoire
Je précise que je vais utiliser le terme diamants de laboratoire parce qu’intrinsèquement on les fabrique en laboratoire. Les normes françaises oblige à parler de diamants de synthèse, on dit aussi diamant de culture. En dehors des batailles juridiques je vais essayer de rester dans le factuel.
Les diamants de laboratoire sont produits grâce à 2 technologies HPHT (High Pressure High Temperature) ou CVD (Chemical Vapour Deposition)
La première technologie s’appelle HPHT (High Pressure High Temperature) elle consiste à reproduire en laboratoire les conditions de formation du diamant naturel. On fait un mélange de carbone et de métaux qui feront office de catalyseurs, on reproduit les températures et la pression phénoménale nécessaire, on met un germe de diamant dans le réacteur et hop on fait pousser le diamant. L’industrie utilise cette technique depuis 1956.
La deuxième technologie s’appelle CVD (Chemical Vapour Deposition).
On crée un plasma composés d’électrons et d’ions et on fait résonner ce plasma avec les ondes des atomes des éléments hydrogène et carbone. Cette excitation électronique fait se conjuguer les atomes d’hydrogène et les radicaux contenant du carbone, ce qui donne le diamant. Les diamants produit ainsi sont exactement les mêmes chimiquement et physiquement que les diamants naturels.
Je précise que je ne suis pas scientifique et que ces descriptions sont volontairement simplifiées.
La papesse du diamant de laboratoire en France est Alix Gicquel, une scientifique mondialement reconnue, qui a son laboratoire au CNRS et qui a créé dès 1990, la première équipe de recherche sur « la croissance de diamants par plasma » en France. Elle a créé en 2016, sa start’up, laboratoire de diamants qui s’appelle Diam Concept.
Aux Etats Unis, précisément à San Francisco, c’est la Diamond Founderie, créé en 2012 qui est le laboratoire de diamants le plus connu. fondé à l’initiative de 2 ingénieurs Martin Roscheisen et Jeremy Scholz, ils ont mis au point la technique CVD grâce à l’appui financier 100 millions de dollars provenant de divers investisseurs-milliardaires dont le plus connu est certainement l’acteur Leonardo Di Caprio.
En 2019 la Diamond Founderie a reçu l’accord de la FTC (Fédéral Trade Commition) pour valider leurs diamants de laboratoire.
Quel diamant est éthique ?
La filière minière des diamants naturels travaille énormément sur la valeur éthique : le processus Kimberley permet d’éviter les diamants de sang, l’emploi se fait sur une base de co-responsabilité avec les communautés locales, le sustainability report est indispensable et audité indépendamment suivant les normes GRI qui suit les programmes des Nations Unis, l’impact environnemental et très contrôlé et bien sûr la traçabilité est assurée.
Les diamants de laboratoire bénéficient souvent d’une perception éthique car ne venant pas de la Terre ils semblent exempts de son exploitation. Comme l’indique d’ailleurs le nom des process, ils sont une création chimique dans un processus industriel. Nul doute que maintenant que les procédés sont aux normes européennes et françaises leur mise en pratiques est plus rassurantes qu’au bout du monde.
Quel diamant est bio-responsable ?
Les mines de diamants ne sont, part définition, par renouvelables. Les diamants ne sont pas des plantes et ne se reproduisent pas. Ce qui sort de la terre ne peut être remplacé. Certaines mines sont épuisées. D’autres s’épuisent comme la mine de diamants de couleur d’Argayle en Australie. Les mines de l’Afrique Sub équatoriale sont en fonction comme celle de la Russie et du Canada. On cherche aujourd’hui vers le pole nord. Sachant qu’il y a un gap entre la détection de gisements et les faisabilités d’exploitation.
La production des diamants de laboratoire est … en laboratoire. Je n’ai aucunes données sur par exemple la consommation carbone de ses entreprises. En France je suis juste sûre qu’elle respecte les normes françaises dont chacun sait qu’elles ne sont pas souples.
Je crois que maintenant vous vous êtes fait votre opinion personnelle. Il reste quand même un point important à aborder :
Quelle valeur pour quel diamant ?
La filière diamant naturels s’est structurée pour souligner sa différence et tout d’abord préserver sa valeur.
Les plus grands producteurs (De Beers, ALROSA, Rio Tinto, Dominion, Petra, Gem, Lucara et RZ Murowa Holdings) se sont rassemblés dans la DPA, l’Association des Producteurs de diamants et ont lancé pour les professionnels un programme appelé Assure contre la contamination involontaire de leurs stocks de diamants par des diamants de laboratoire. En France, le Collectif Diamant regroupe les organisations référentes de la filière diamant française : La DPA (Association des Producteurs de diamants), l’UFBJOP (Union Française de la bijouterie, Joaillerie, Orfèvrerie des Pierres et des Perles), le LFG (Laboratoire Français de Gemmologie), Francéclat et l’UBH (Union Bijouterie Horlogerie). Pour le public, leur site www.diamant-naturel.fr est une mine d’informations.
L’enjeu est très important car si les pierres de belles tailles sont traçables tout au long de leur extraction jusqu’à votre bague et qu’un diamant de plus de 0,5 carat s’assortit d’un certificat d’origine, les petits diamants de moins de 0,2 carat sont vendus “en mêlé” (comme un petit paquet). Ces pierres qui peuvent être de quelque centième de carat servent notamment à réaliser les pavages. La vérification une à une de ces diamants dans les machines excède le prix de la pierre, aussi des mélanges frauduleux pourraient être possibles et ont même été déjà découverts. C’est pourquoi, les acteurs de la filière diamants se mobilisent aussi intensément car la confiance constitue le socle de la filière (c’est la même chose pour les cours de la monnaie, la bourse, …).
Pour les diamants de laboratoire, le problème n’existe pas quand le diamant est authentifié comme tels. La valeur du diamant de laboratoire est aujourd’hui moins importante que le diamant naturel. Les entreprises que les fabrique et les vendent le revendique. Même si ça ne se fait pas ou pas encore en France, Les laboratoires de certifications des pierres précieuses comme le GIA des Etats Unis ou le HRD d’Anvers émettent des certificats qui garantissent les diamants de laboratoire comme tels. La De Beers, le conglomérat diamantaire sud-africain, fondée en 1888, n’a pas hésité à diversifier son offre en ouvrant la lightbox Jewelry qui commercialise des bijoux en diamants de laboratoire. Et Balmain vient de signer son premier partenariat avec la Diamond Founderie.
En France, ceux qui utilisent du diamant de laboratoire franchement et en font même un argument commencent à être nombreux : il y a Courbet, Paulette à bicyclette, pour n’en nommer que quelque uns.
Aussi en dehors des fraudes, si on vous indique précisément ce que vous achetez, la valeur du diamant sera la vôtre.
Personnellement…
Personnellement, ma boite à bijoux comporte des bijoux fantaisies et quelque pièce de joaillerie et je les aime tous car ils sont le symbole d’une émotion quelque soit leur valeur intrinsèque.
Les diamants naturels auront toujours à mes yeux le charme de l’exception puisque c’est un trésor de la terre.
Mais, le diamant de laboratoire, est encore aujourd’hui un peu moins cher et surtout pour moi il est moderne. Aussi j’attends que les bijoux proposés soient témoins de cette modernité, qu’on innove dans la taille des diamants, qu’on imagine des bijoux diamants différents dans leur porté et que l’on me propose des pièces encore jamais vues.
Quelque soit votre opinion, je la respecte et je serai heureuse que vous m’en fassiez part.