Bienvenue dans cette nouvelle saison consacrée aux bijoux de l’île de la Réunion.
Vous me connaissez, je suis Anne Desmarest de Jotemps et je donne une voix aux bijoux, pour cela partout où je vais, je regarde les bijoux et bien sûr j’emmène mes micros, même
en vacances. Et justement cet été je suis allée à La Réunion. Et j’ai été frappée par les bijoux de cette île qui ont une multitude de symboles et une grande diversité de formes.
Les bijoux de la Réunion montrent une foultitude de représentation végétale : arbre voyageur, bambou, laurier, piment, fagot de canne à sucre ou palmier. La flore et la faune offre aussi une multitude de motifs joailliers avec pèle-mèle les hisbiscus et les dauphins, la fleur de frangipanier et le geiko, la fleur de vanille et le dodo ou encore l’orchidée et la tortue.
D’autres bijoux traduisent la nature de l’île. Il y a les incarnations du département avec la carte du territoire et le numéro 974, les vagues et les volcans qui représentent la situation géographique et les « paille en queue », l’oiseau emblématique de la Réunion. Et puis il y a les bijoux en lave parce que La Réunion s’est créée par l’éruption de volcans qui signent sa géographie autour du Piton des Neiges et du Piton de la Fournaise qui est encore actif et surveillé quotidiennement.
Alors voilà mon interrogation : tous ces bijoux traduisent la nature mais pas l’humanité. En fait, c’est parfaitement normal parce que La Réunion était une île déserte ! L’île est née il y a 3 millions d’années mais n’est humainement occupée que depuis le XVIIe. Ce sont la colonisation et l’esclavage qui la peupleront. Cet héritage douloureux se ressent encore aujourd’hui. Les réunionnais se définissent toujours par leur origine : il y a les Zoreilles, les Kaf, les Yab, les Malbar, les Zarab et les Sinwa. En bijoux, c’est bien pourquoi, chacun conserve ses habitudes de parures qui ne se répendent pas. Et c’est bien pourquoi, ce qui représente La Réunion en bijoux sont surtout les symboliques de la nature.
Ainsi dans « une sociologie des enthousiasmes », comme le définirait le sociologue Bertrand Pulman. les énergies et les dynamiques sociétales de ces colons et esclages devenus citoyens d’une même île, se trouvent décuplées par le jeu des émotions partagées : celles de leur amour pour leur île. La logique symbolique et graphique des bijoux de La Réunion témoigne de ce que le sociologue Marcel Mauss appelle un « fait social » c’est-à-dire qu’ils sont le symbole d’une vue d’ensemble créée par l’intéraction des différents individus et institutions qui cohabitent et coexistent de concert.
Par cela, Les bijoux de La Réunion s’enracinent dans un passé, même déshumanisé, qui fait leur force et exprime l’avenir.
Par cela, ils s’ancrent dans les territoires de l’imaginaire qui subliment les souvenirs douloureux dans une esthétique réconciliatrice.
Par cela, ces bijoux rassemblent les différences pour rayonner vers le monde.
Les bijoux de la Réunion expriment intrinséquement leur île avec dans l’ordre les volcans qui les ont créé, la nature comme cadeaux des Dieux et les tortues comme déesse nourissière. Alors j’ai cherché les joailliers et bijoutiers les meilleurs pour vous parler de leur spécialité et de leur savoir-faire. J’ai dû montrer pattes blanches car en plus d’être une Zoreille, je cumulais le désavantage d’être une Métro mais au final j’ai eu, au bout de mon micro Gérard Tamaya, le joaillier de la lave, Ann Gauthier la bijoutière des graines, l’écailliste Harry Nicole Payet et Olivier Hoarau le médiateur culturel du MADOI le Musée des Arts Décoratifs de l’Océan Indien.
J’espère vous donnez envie de découvrir avec eux les bijoux de la Réunion et je vous donne RDV la semaine prochaine pour le 1er épisode.
Nartrouv’ ou Narvu sa !