Les bijoux contemporains sont une conception large, avec autant de définitions que de spécialistes. Alors, j’ai été à la rencontre des créateurs Philip Sajet et Violeta Adomaitytė à la Galerie Elsa Vanier où ils exposent jusqu’au 25 juillet.
Philippe Sajet, est un artiste, un orfèvre joaillier né à Amsterdam en 1952 et dont les œuvres sont déjà présentes dans d’importantes collections publiques : Stedelijk Museum à Amsterdam, Victoria and Albert Museum à Londres, Pinakothek der Modern à Munich, Fine-Arts Museum à Boston et au Musée des Arts décoratifs à Paris.
Violeta Adomaitytė est une jeune artiste lituanienne, diplômée de la Vilnius Academy of Arts qui a exposé à la Galerie Ornementum aux Usa avec Tehri Tolvanen et chez Antonella Villanova avec Beate Klockman en Italie.
Ils sont habitués à exposer en duo, mais c’est leur première fois ensemble. Leurs conceptions du bijou sont différentes et pourtant leurs œuvres semblent se compléter, comme leurs personnalités.
Il est exubérant, jouisseur, taquin, provocateur.
Il déclare d’emblée qu’il ne fait pas des bijoux contemporains : il crée des joyaux ! et sa notion de la contemporanéité est la somme des inspirations de tous les artistes et créateurs dont il a admiré les œuvres et qui l’ont imprégné culturellement. Et il cite pêle-mêle les Égyptiens, les Vikings, les Étrusques, Lalique, et Lucio Fontana. A travers eux, ce n’est pas une inspiration qu’il recherche mais la reconnaissance de mouvements créatifs ayant nourri une histoire artistique qu’il ressent universelle. Ses pièces deviennent alors détentrices d’une authenticité héritière d’une vérité absolue et universellement ressentie.
Par exemple cette bague Back to Black est un symbole du diamant. A partir d’un carré, en travaillant les angles en facettes, il représente une allégorie du solitaire dans sa forme la plus simple donc il la réalise en argent puis la sertit de rubis comme une extériorisation de la valeur du bijou.
Dans cette autre bague il reforme l’octaèdre qui est la forme d’origine du diamant puis en multipliant les angles il en fait un chapiteau de cirque en hommage à Pablo Picasso qui disait que la plus haute forme d’art est le divertissement.
Dans cette bague armure qu’il a simplement appelée du nom de ses gemmes « rubis-lapis », Philipp Saget a travaillé sur le concept d’inversion : « si la bague est en métal et la pierre est en pierre, en inversant, le corps de bague est devenu pierre et la gemme est devenue métal ». Dans cette bague Philip Saget a également exploré les notions d’opposition et de contradiction en travaillant la profondeur et la hauteur, le carré versus l’octaèdre jusqu’au losange sur le corps de la bague devenue armure.
A l’opposé, Violeta Adomaitytė est discrète, attachante et nuancée.
Elle porte ici un collier qu’elle a retouché encore et encore jusqu’à la dernière minute dans la galerie Elsa Vanier. Ne pouvant s’empêcher d’ajouter un détail, de perfectionner une courbe, de souligner une nervure. Son inspiration vient de la nature qu’elle imagine comme un concept au contraire de Philip Saget qui lui part du concept pour créer une représentation.
Ses bijoux juxtaposent alors une forme, un détail réel à la traduction d’une idée créatrice dans le bijou. Comme dans cette broche « spiral » que je porte et qui explore le plat et le profil, le vent et le coquillage, le détail et la vision d’ensemble.
la bague Almond Blossom Tree est une allégorie des saisons, dans une ode printanière figée dans une féminité à la fois douce et sereine mais également forte, enracinée presque indestructible.
Elle travaille la plaque d’argent et doucement, avec minutie, lui grave l’empreinte d’un rêve de fleur, d’écorce douce et de brise légère.
A la flamboyance du collier « rouge de Philip Saget…
… Violeta Adomaitytė juxtapose le délicat blossom, modernisé de façon bien nette dans une bague carrée et pourtant tellement féminine.
Exposition Philip Sajet et Violeta Adomaitytė à découvrir jusqu’au 25 juillet à la Galerie Elsa Vanier.